mardi 18 octobre 2016

Burton Kramer

Ce graphiste canadien d’origine américaine fut l’auteur en 1973 du logo de la CBC (Canadian Broadcasting Company — Radio Télévision Canada). Revu à deux reprises, en 1986 et en 1992, ce logo est toujours utilisé (et plagié !) aujourd’hui.

La première version du logo en 1973 :



A l’instar du logo de Canal+, sa pérennité s’explique par sa cohérence entre le fond et la forme.
A cet égard la démarche de Burton Kramer a d’ailleurs représenté une influence majeure de l’Op Art (Optical Art) qui devint très en vogue dans les années 70 (success populaire des oeuvres de Vasarely).

L'Op Art de Vasarely :



La lettre C (pour Canada) se situe au centre d’un kaléidoscope en dégradé de couleurs du rouge vers le jaune. Le cercle bleu du fond représente l’espace. La symbolique de cet ensemble dynamique traduit l’explosion de la télévision couleurs.
En 1986 le logo est simplifié, il perd le dégradé et passe à une seule couleur, le bleu.
En 1992, le C devient un cercle rouge et la simplification s’accroît encore, sans perdre de son efficacité.



En 2009 la marque Stella Artois plagie le logo de Burton Kramer en l’exploitant dans une campagne d’affichage destinée au métro de Londres.



iTunes le plagiera également :



Le logo de la CBC représente le couronnement de la carrière de Burton Kramer (même s’il en a réalisé beaucoup d’autres) :












Il traduit l’influence du style suisse international et du Bauhaus. Le graphiste canadien fut un pionnier, un des premiers à importer cette vision panoramique et cette conception du design “moderniste” et “intégré” sur le continent américain.
Le terme “intégré” signifie que pour le Bauhaus le graphisme appartient à un ensemble de réflexion et de pratique plus vaste englobant arts plastiques, arts de la scène, architecture et design industriel.
D’ailleurs avant de s’installer au Canada en 1965, Burton Kramer avait vécu et travaillé en Suisse en tant que directeur artistique.
Cette influence se traduit d’abord par des compositions géométriques, des constructions rigoureuses à travers l’utilisation de grilles et de gabarits et l’emploi de polices sans serif (Helvetica), à l’instar du travail de Josef Müller-Brockmann et d’Armin Hofmann.

Josef Müller-Brockmann :












Armin Hofmann :



Aucun élément n’est placé au hasard, sa présence se justifie par des impératifs de clarté et de lisibilité. 
On peut clairement identifier cet héritage à travers l’étude de deux affiches.
Elles datent de 1968.
La première présente une exposition d’art en provenance de Nouvelle-Guinée.
Elle se compose de deux éléments bien distincts : l’image et la composition typographique du bas.
L’image est la photo d’un masque, énigmatique et impressionnant, dont les contrastes ont été poussés au maximum.
En-dessous de cette image très forte et interpellante Burton Kramer a placé une composition graphique très visible et très lisible en Helvetica rouge.


La seconde affiche a été réalisée à l’occcasion d’une exposition de tissus indiens. La simplicité et la lisibilité de la composition contrastent avec la complexité de l’image. Les bandes de couleurs apportent de la profondeur et de la perspective. La composition graphique en Helvetica, très équilibrée, confronte le titre à droite et les informations à gauche sur 5 lignes.


D'autres réalisations de Burton Kramer :









Un tableau Op Art de Vasarely :


Encore d'autres réalisations de Burton Kramer :





Quant à l’usage dynamique de la couleur, il s’agit d’une leçon tirée du travail de Max Bill, une des figures du Bauhaus, et d’Anton Stankowski.

Anton Stankowski :



Max Bill :


Un logo créé par Burton Kramer :


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