vendredi 5 février 2016

De Zap Comix à Ed Banger

Le label électro Ed Banger Records a été fondé en 2003 par Pedro Winter, ancien manager de Daft Punk. Ce label phare de la French Touch est surtout connu grâce au groupe Justice et au travail graphique de son directeur artistique So-Me, qui signe pochettes de disques, posters et clips vidéos.
Les créations entièrement dessinées à la main de So-Me se caractérisent par leur côté flashy et cette sorte de vision transversale de la culture populaire. Il recycle entre autres les personnages de cartoon, les comics psychédéliques américains des années 60, les typos des groupes de heavy metal (« headbangers ») et les graffitis du hip hop dans un mixage très coloré.
Ce style naïf détonne dans le paysage graphique de la musique électro française et prend le contrepied des images 3D minimales ou hyper travaillées qui semblaient prépondérantes à l’époque. 
Jusqu’en 2010, les visuels du graphiste français vont déferler sur le monde entier, se décliner à travers une marque streetwear (Cool Cats qui deviendra ensuite Club 75), se trouver au cœur de la hype et créer de nombreux émules.
Le travail du collectif liègeois Party Harders se situe exactement dans la même lignée. Créée en 2006, cette association de djs, de dessinateurs et de graffeurs a évolué dans la même sphère qu’Ed Banger. Les Party Harders organisérent d’innombrables soirées, annoncées par des affiches et des flyers où se retrouvent des influences identiques, où l’accent est mis sur des typos colorées entièrement dessinées à la main.
Il est intéressant d’établir un parallèle avec des graffeurs tels que Bue The Warrior, Dubl Trubl ou Broken Fingaz Crew. De grandes figures peintes dans un style figuratif souvent naïf se mélangent à des typos dynamiques et déformées.
Seul le support semble changer, on passe du mur de parking, d’usine abandonnée ou de HLM au papier et à l’affiche imprimée.
Une des origines de cet art populaire iconoclaste se trouve indiscutablement dans les comics psychédéliques américains de la fin des années 60, et notamment le plus emblématique d’entre eux, Zap Comix, créé à San Francisco en 1968 par Robert Crumb. D’autres dessinateurs tels que Victor Moscoso et Rick Griffin y passent du format de l’affiche psychédélique à celui de la BD adulte.
Les Etats-Unis traversent alors une intense période de contestation sociale, sur fond de guerre du Viêt-Nam. C’est l’âge d’or des hippies et du « flower power ». A travers le rock (Jimi Hendrickx, The Doors, Janis Joplin…), une sexualité libre, les drogues et les spiritualités orientales, une partie de la jeunesse américaine rejette les valeurs traditionnelles bourgeaoises et voudrait révolutionner la société. Zap Comix cristallise ce climat et devient le creuset d’expérimentations audacieuses. Les comics underground deviennent des ambassadeurs d'une contre-culture dont l'esprit se perpétue encore aujourd’hui.


So-Me













Party Harders : Farid Abdelli


































Party Harders : 2 Shy
































Broken Fingaz










Dubl Trubl





Bue The Warrior








Comics underground - Zap Comix






Victor Moscoso et Rick Griffin