Un film porno est un long
métrage présentant des actes sexuels non simulés sur grand écran.
Bien que des films pornos
danois en 8mm soient commercialisés depuis la fin des années 60, le cinéma pornographique
naît véritablement au début des années 70 avec le film américain DEEP THROAT
(GORGE PROFONDE). Ce long métrage sorti en 1972 remporte un succès considérable
et provoque la naissance d’une véritable industrie, de nombreux producteurs se
ruant sur ce nouveau filon à exploiter.
Certains réalisateurs y
voient l’occasion d’élaborer un nouveau type de cinéma, accordant un soin
particulier au scénario, à la qualité de l’image et à la direction des
comédien(ne)s.
En Allemagne, en
Scandinavie et en France, des centaines de films pornos déferlent sur les
écrans. En 1974, le film érotique français EMMANUELLE remporte lui aussi un
succès planétaire. La frontière entre film érotique hard et film porno est
souvent très floue. Mais cette année-là les productions de ce type représentent
près de 30% des films montrés dans les salles françaises.
Le président nouvellement
élu Giscard d’Estaing, qui avait pourtant promis de “supprimer la censure”, met
alors en œuvre une nouvelle loi, dite “X”, qui sera appliquée à partir de 1976.
Cette nouvelle réglementation instaure une classification des films, opérée par
une commission émanant du Ministère de la Culture. Les films classés “X”, donc
interdits aux mineurs, sont dès lors condamnés à n’être exploités que dans des
salles spécialisées et surtaxées.
Le cinéma pornographique
français se retrouve dès lors enfermé dans un véritable ghetto. La quantité et
surtout la qualité des films du genre s’en ressent.
Cette pression accrue de la
censure pousse certains producteurs à préférer des affiches délibérément
“softs”, parfois sans aucune image, où seuls le titre et l’agencement des typos
évoquent le caractère pornographique du film.
1. Les
affiches américaines
Cette sélection présente
des affiches américaines des années 70 et du début des années 80. La plupart
sont dessinées dans un style hyper réaliste soft et suggestif, avec un grand
soin accordé à la composition, aux couleurs souvent très vives, et aux typos.
Ces dernières présentent la plupart du temps des lettres arrondies, parfois
dans un style proche de celui des films de blaxploitation.
Il existait une
classification “officielle” et légale des films, en fonction de l’âge des
spectateurs, mais ce sont les producteurs qui ajoutaient eux-mêmes la lettre X
sur leurs affiches, et la transformaient en argument commercial. Jouant sur la
surenchère, ils n’hésitaient pas à indiquer “Adults Only X X” ou “Rated X X X”.
2. Les
affiches françaises
Ces affiches présentent une
grande variété de styles.
La première d’entre elles,
UN SOIR SUR LA PLAGE, montre en quoi consistait une affiche très vaguement
érotisante (une femme avec les cheveux non attachés, vue de profil avec une
combinaison moulante) en 1961. La surveillance de l’Eglise et des ligues
morales exercait alors une pression considérable sur la programmation des
salles de cinéma.
Au cours des années 60,
l’érotisme d’abord progressivement distillé dans des films de genre (e.a. films
d’horreur et polars sexys) prepare déjà le terrain de la pornographie qui
arrive en France au début des années 70. S’ensuivent alors des affiches souvent
dessinées, dans des couleurs vives, mais nettement moins élaborées que les
affiches américaines. On y retrouve l’esprit des affiches de films dits de
“série B” (films de genre à petits budgets) : économie de moyens, efficacité et
absence de fioritures. Le titre, souvent tracé à la main, est fréquemment
composé de lettres rondes. Les autres informations figurent en caractères
mécaniques, Helvetica ou Cooper, déjà très utilisés à l’époque. A noter :
l’affiche du film “Q” de Jean-François Davy, un des plus célèbres réalisateurs
de pornos de l’époque. Ce dessin de lettre sera pratiquement repris tel quel en
tant que logo par l’entreprise belge Quick.
3. Les
pavés de presse belges et français
Le pavé de presse était un
dessin en noir et blanc très simple. Il était publié dans les journaux du
mercredi, jour de sortie des nouveaux films. Son but était de “vendre” le film
le plus efficacement possible, mais en utilisant des moyens et un espace très
réduits : dessin suggestif, jeux de typos, slogans accrocheurs.
Les premiers pavés présentés sont ceux de
films “osés” ou “coquins” du début des années 60, qui ouvrirent la voie aux
pavés pornos des années 70.
4. Les
affiches typos françaises
Après l’avénement de la loi X et dans le but
d’éviter les foudres de la censure (pouvant aller jusqu’à une interdiction
totale), certains producteurs distribuaient leurs films avec des affiches ne
comprenant que des typos, parfois agrémentées d’une silhouette suggestive. Cet
exercice de style à priori aride donne pourtant naissance à un style très pop,
énergique et coloré. On pense inévitablement aux boîtes de savon Brillo d’Andy
Warhol.